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Les lectures d'une couturière

Dernière mise à jour : 5 janv. 2023

Dans cet article, je ne vais pas tenter de balayer pour vous toute l'étendue de la littérature spécialisée, dédiée à la couture, car le spectre est tellement large, du mensuel truffé de nouveautés et patrons aux vieux ouvrages sur l'art du tailleur. Loin de moi l'idée de vous présenter une hiérarchie mais plutôt une liste à la Prévert, au gré de mes recherches et découvertes, souvent fortuites, mais qui toutes ont titillé ma curiosité.

Cet inventaire n'a pas d'autre prétention que de vous partager ma bibliothèque...


 

On a beau connaître le métier depuis longtemps, l'enseigner même jusque dans ses moindres subtilités et astuces, on a toujours besoin d'ouvrages de référence dans lesquels se replonger pour s'assurer d'un geste technique ou de la mesure précise d'un patron, ou encore des étapes de montage d'une pièce technique.



Parfois même, on place sur votre route des ouvrages anciens qui ont guidé nombre de nos prédécesseurs dans leur apprentissage de la couture traditionnelle.

Comme une façon de nous propulser vers une époque lointaine ou nos aïeules apprenaient les rudiments de la couture au pensionnat, en premier lieu pour bien tenir leur foyer une fois mariées, puis mères de famille... Une époque bien lointaine de celle de la "fast fashion". Ce qui m'amène bien souvent à cette réflexion : si beaucoup de mes élèves déplorent que leurs mères, tantes, grand-mères ne leur aient jamais transmis, sinon l'art et la technique élémentaire de la couture, du moins l'amour de cette pratique, il faut très certainement y voir le fait qu'elles aient pratiqué plus par nécessité que par passion, d'où l'envie bien légitime que leur descendance déploie bien d'autres ambitions.



Les livres anciens


École de couture "ménagère"


Ce vieil ouvrage m'a été confié un jour par une ancienne élève qui le tenait de sa mère.

Je ne l'ai gardé que le temps de prendre toutes les photos nécessaires et l'ai traité avec tous les égards dus à son histoire, à son époque et aux moments difficiles qu'a certainement traversé la jeune étudiante qu'elle était alors, avant de parvenir à réaliser toutes les pièces "faites-main" qui accompagnent ce livre d'étude.

Je tiens à mettre en garde les lecteurs et lectrices qui s'offusqueraient de certaines considérations énoncées dans les ligne de cet ouvrage ancien, en rappelant qu'il s'agit d'une édition de 1945.



Epoque révolue, fort heureusement, car on y lit, au fil des paragraphes, des remarques qui aujourd'hui feraient bondir, mais qui nous rappellent que notre civilisation n'a pas toujours été vertueuse ni respectueuse des différences. Je vous conseille la plus grande prudence dans l'interprétation des lignes de conclusion...

Il n'en est pas moins riche d'enseignements pour autant, voyez vous-même !



École de coupe pour tailleurs et couturières


Dans un registre plus "noble", l'enseignement traditionnel du tailleur et ses techniques très académiques, qui peuvent rebuter les débutants.



En effet, le tailleur fait appel à des techniques très pointues, parfois ardues et à un "tour de main" qu'il convient d'apprendre par une pratique persistante, jusqu'à la perfection, car le tailleur ne tolère aucune approximation. Et le secret d'une veste de grande facture réside autant dans la qualité de ses entoilages que de son étoffe, alors que ceux-ci ne seront jamais visibles.

Autrement dit, si vous envisagez de vous lancer dans l'art du tailleur, il vaut mieux accumuler les pièces d'étude de tous les points techniques et réviser sérieusement votre tapis de points à la main, vous en aurez grandement besoin.

C'est d'ailleurs certainement pour cette raison qu'il existe une distinction nette entre le tailleur et le flou, de l'école à l'atelier, avec, il faut bien l'admettre, une part de snobisme qui incite le tailleur à se considérer comme supérieur à la couturière de flou. Qu'à cela ne tienne, je pratique les 2 et je reconnais aisément que lorsque j'aborde une pièce de tailleur, je respire à fond... Mais pas plus que pour une robe de mariée, après tout.



Pour ma part, lorsque j'ai besoin de me référer à un expert dans la réalisation d'une veste tailleur, je me replonge volontiers dans cette merveille de Yukio Kakita.






Les ouvrages techniques


Que vous soyez expert(e) ou débutant(e), que vous pratiquiez le flou ou le tailleur, il est toujours bon de posséder des ouvrages de référence qui détaillent les pièces techniques et leur mode opératoire. Pour ma part, je connais par cœur certaines pièces techniques sans avoir besoin d'en vérifier les spécificités, mais pour d'autres, impossible d'imprimer, il faut que je revoie le mode opératoire avant de m'y coller.

Pour cela, une seule ressource, en 4 volumes, aux éditions ESMOD.


Certes, le déchiffrage des planche est parfois ardu et le vocabulaire est très spécifique, mais c'est la base, les fondamentaux, un point c'est tout ! Na !



D'autant que lorsqu'on parcours les "tutos" qui foisonnent sur les réseaux, on constate que peu de leurs auteurs maîtrisent les termes précis et se contentent de les réinventer à leur sauce, ce qui a pour conséquence de vous paumer à coup sûr.

Le vrai plus de ces ouvrages est que toutes les pièces techniques sont traitées, dans toutes leurs variantes et que chaque mode opératoire de montage est illustré et suivi des pièces de patron détaillées. Exemple dans ce tourne-pages du montage d'une braguette


Pour le modélisme cette fois, j'utilise les ouvrages de Teresa Gilewska, classiques des classiques. Petit bémol cependant sur un manque d'actualisation de certaines pièces comme le bas de pantalon par exemple. Plus aucun couturier aujourd'hui ne fait d'ourlet de pantalon plus long derrière que devant... on préférera faire un ourlet perpendiculaire au droit fil du milieu de la jambe et obtenir une cassure sur le coup de pied, ce qui résout pas mal de soucis techniques et esthétiques. Mais hormis quelques détails démodés, ses techniques de modélisme sont toujours les meilleures à mon sens, sur le plan académique, puisque le but n'est pas de vous emmener vers l'audace créatrice.



Il en va de même pour le modélisme enfant qui a ses propres codes et ses évolutions distinctes entre le bébé, l'enfant et l'ado, trois périodes qui voient la morphologie changer selon ses propres lois. Il est donc important de se conformer d'abord à ce type d'ouvrage afin de ne pas commettre de grossière erreur dans la construction du modèle.

D'autant qu'il propose des tableaux de mesures détaillés et remis à jour régulièrement après les campagnes de mesures de populations. Je ne saurais dire de quand date la dernière campagne, mais il est toujours recommandé de ponctuer la confection d'un vêtement de plusieurs essayages et ajustements si besoin, qu'il s'agisse d'un vêtement enfant ou adulte. D'ailleurs, il y a souvent méprise dans le jugement des clients sur le fait qu'ils considèrent que le sur-mesure doit forcément "aller comme un gant du premier coup". Cette erreur de jugement fait l'impasse sur un point bien plus important qui concerne le goût personnel et le type d'aisance qui convient à chacun de manière unique. Seul l'essayage peut parvenir à valider ce point.


Le choix des tissus


À ce sujet, rien ne vaut l'expérience pour être capable d'identifier si tel tissu fera l'affaire pour tel projet ou quelle matière saura magnifier la pièce que l'on envisage de réaliser. Et l'expérience ne peut passer que par le toucher, on triture, on retourne, on gratte, on froisse, dans le but de se faire une idée précise du résultat attendu.

Seule l'expérience nous permet de pouvoir juger si un tissu déniché sur un site d'e-commerce correspond bien à nos attentes... en matière de poids, de tombant, de structure, de fluidité ou de tenue, etc...


Pour vous aider à acquérir cette expérience, il est toutefois possible de se référer à des ouvrages qui traitent de la matière dans toute sa complexité, pour vous aider à ne pas confondre la fibre et le tissage, pour vous renseigner sur les bonnes méthodes de préparation.


Pour ma part, je ne peux que recommander cet ouvrage très récent de Christelle Beneytout aux éditions Eyrolles, car il aborde vraiment avec simplicité ce vaste sujet, en tentant d'être exhaustif, ce qui reste une gageure, tant le sujet est vaste.





Les revues et magazines



Au fil de mes rencontres avec de nombreuses élèves, j'ai pu découvrir et tester "en vrai" différentes publications que je ne citerai pas ici, tant elles sont pléthoriques.

Leur point commun bien souvent réside dans la difficulté :

  • à déchiffrer les planches de patrons,

  • à identifier les symboles et nomenclatures, car chacun y va de sa propre version, comme si un langage universel n'existait pas déjà...,

  • à trouver des explications claires et détaillées qui font souvent défaut...

  • à s'orienter même parfois dans les méandres d'une navigation qui effraierait les plus Indiana Jones d'entre nous !

Et lorsqu'on m'appelle à la rescousse, c'est en premier lieu pour que j'aide à déchiffrer, traduire et enfin pouvoir réaliser le projet sélectionné.

En bref, vous l'aurez compris, la profusion mène bien souvent à la confusion. Alors mieux vaut choisir un et un seul patron, se fier à une enseigne ou une créatrice connue et appréciée, c'est au moins un gage de parvenir à finaliser un projet de couture.


L'exception...


Justement parce qu'ils ne sont pas classables dans la catégorie des revues et magazines, j'ai découvert récemment les Cahiers Artesane auxquels je suis en train de devenir addicte !



En effet, le principe est très différent, axé sur 3 ou 4 modèles et leurs variantes, ponctués d'articles richement documentés, de tutoriels techniques très bien construits, il faut dire que la pédagogie, c'est un peu leur ADN... Quand je me plonge dans la lecture des derniers numéros, j'ai un peu le sentiment de discuter avec des copines, des collègues, ou un peu tout ça à la fois. Certes, nous ne sommes pas sur le même créneau (et leur notoriété me fait pâlir d'envie), car j'aime par dessus tout le "présentiel", le contact privilégié avec une élève à la fois et c'est ce que mes élèves recherchent également, mais il n'empêche que l'ambiance, l'environnement, la bienveillance et la qualité de leur enseignement me séduisent vraiment.


Vous l'aurez compris, cet inventaire à la Prévert pourrait se poursuivre encore un peu, mais l'idée générale de cet article est de vous inciter à toujours plus de curiosité et je suis sûre que vous avez, vous aussi, vos basiques, vos références... alors n'hésitez pas à les partager en commentaire, à faire découvrir vos coups de cœur.


 




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